Le shaving : Une intervention chirurgicale conservatrice pour l’endométriose profonde
Parmi les pathologies gynécologiques, l’endométriose profonde est une forme sévère d’endométriose qui infiltre les tissus sous-péritonéaux et qui peut affecter des organes vitaux tels que le rectum, le vagin ou la vessie.
Cette pathologie, qui touche jusqu’à 10 % des femmes en âge de procréer, entraîne des douleurs chroniques invalidantes, des problèmes de fertilité et une altération de la qualité de vie.
Parmi les options chirurgicales disponibles, le shaving est recommandé comme traitement de première ligne pour sa sécurité, son efficacité et ses résultats fonctionnels grâce à ses nombreux avantages par rapport à d’autres techniques plus invasives et même s’il faut prendre en compte certains points de vigilance pour les patientes et les praticiens.
Le shaving : qu’est-ce que c’est ?
Le shaving est une technique chirurgicale conservatrice qui consiste à exciser les nodules d’endométriose profonde tout en préservant les structures anatomiques adjacentes.
Contrairement à la résection intestinale segmentaire ou à l’exérèse discoïde, ce traitement chirurgical n’implique pas de retrait de segments entiers de l’intestin ou de la paroi rectale. Le chirurgien s’attache à décoller le nodule des tissus sous-jacents pour restaurer une morphologie normale sans compromettre les fonctions vitales.
Quels sont les avantages du shaving en gynécologie obstétrique ?
1. Un taux de complications réduit
Parmi les techniques de chirurgie gynécologique disponibles pour traiter l’endométriose rectovaginale, le shaving est associé à un risque nettement plus faible de complications graves, telles que :
- Les fistules rectovaginales (0,25 % pour le shaving contre jusqu’à 18 % pour la résection segmentaire si elle est proche de la marge anale). Notre expérience sur plus de 3.000 patientes opérées fait état d’un taux de fistules rectovaginales de 0,06%.
- Bien que rares, les perforations intestinales sont facilement réparées lorsqu’elles surviennent dans les prises en charge des pathologies liées à l’endométriose.
- Les troubles urinaires prolongés, tels que la rétention urinaire, sont également moins fréquents avec le shaving (0,19 % contre 17,5 % pour d’autres approches).
2. Une durée d’hospitalisation plus courte
Grâce à la nature moins invasive de cette intervention en service de chirurgie, les patientes opérées par shaving peuvent généralement quitter l’hôpital dans un délai de 2 à 3 jours.
Une durée qui contraste avec les 5 à 7 jours nécessaires après une résection segmentaire par exemple. Cette réduction du temps d’hospitalisation favorise une récupération physique et émotionnelle plus rapide.
3. Des résultats fonctionnels préservés
Le shaving préserve les fonctions digestives et urinaires grâce à la conservation des nerfs périphériques et des structures voisines.
Une caractéristique particulièrement importante car les chirurgies radicales peuvent entraîner des conséquences durables telles que :
- Incontinence urinaire et fécale.
- Urgences gynécologiques répétées.
- Troubles de la continence rectale.
Des études montrent que les scores de qualité de vie post-opératoires sont significativement meilleurs chez la femme qui a bénéficié du shaving par rapport à celle traitée par des techniques plus invasives : exérèse discoïde, résection intestinale segmentaire ou technique combinée de laparoscopie et approche transanale.
4. Une efficacité éprouvée
Malgré la perception que le shaving pourrait entraîner un taux de récidive plus élevé, les données issues de notre expérience publiée montrent que ce n’est pas le cas.
Les études rapportent un taux de récidive inférieur à 3 % après grossesse, comparable ou inférieur à celui des autres techniques. Lorsque la chirurgie endométriose est réalisée par des mains expertes de chirurgiens spécialisés, le shaving offre des résultats équivalents à ceux des approches radicales, tout en minimisant les risques.
En outre, le shaving peut être utilisé pour traiter des nodules de grande taille (jusqu’à 6 cm) ou infiltrant plusieurs couches tissulaires. Dans les rares cas où le shaving ne suffit pas, une exérèse discoïde peut être envisagée comme intervention complémentaire.
Quelles différences avec les autres possibilités d’interventions chirurgicales de l’endométriose profonde ?
L’exérèse discoïde
Bien qu’également conservatrice, cette technique est plus invasive que le shaving et présente un risque accru de complications, notamment les fistules rectovaginales (à hauteur de 7 à 10 %). Le chirurgien la réserve généralement aux nodules localisés dans des zones difficiles d’accès ou mal délimitées.
La résection segmentaire
Cette approche radicale implique le retrait d’une partie de l’intestin et est réservée aux cas sévères d’endométriose où les nodules provoquent une sténose majeure ou infiltrent plusieurs segments.
Les inconvénients sont nombreux : Un risque élevé de complications post-opératoires (fistules, saignements), une altération des fonctions digestives et urinaires à long terme ou encore un temps de récupération prolongé.
D’autres techniques sont utilisées en combinant la laparoscopie pour accéder à la cavité pelvienne et une chirurgie transanale pour traiter les lésions situées dans le bas rectum.
Quels sont les points de vigilance pour le shaving ?
Bien que cette technique présente de nombreux avantages, elle n’est pas sans limites et requiert de prendre en considération certains facteurs :
- L’expertise du chirurgien : Le shaving impose une précision et une expérience considérables pour assurer une excision complète des nodules et préserver les tissus sains.
- Un diagnostic précis : Une évaluation préopératoire minutieuse est indispensable pour déterminer si le shaving est une option adaptée. Des techniques d’imagerie aident à planifier l’intervention.
- La gestion des récidives : Les récidives peuvent survenir en raison de la présence de foyers microscopiques non résolus. Une surveillance post-opératoire rigoureuse est nécessaire.
Le shaving est largement reconnu comme le traitement de première intention pour l’endométriose profonde en raison de son profil de sécurité, de son efficacité et de sa capacité à préserver la qualité de vie des patientes.
Toutefois, chaque cas doit être évalué de manière individuelle pour garantir la prise en charge complète. Le succès de cette approche de gynécologie médicale et chirurgicale repose sur une équipe pluridisciplinaire compétente, un plateau technique de pointe et une communication ouverte avec les patientes.
In fine, le choix de la technique chirurgicale doit toujours viser un équilibre entre le soulagement des symptômes, la prévention des complications et la restauration d’une vie normale. Le shaving se distingue des autres techniques chirurgicales par sa capacité à concilier ces objectifs avec succès.