Le shaving, souvent considéré à tort comme étant un traitement superficiel, consiste à exciser complètement l’endométriose rectale en préservant l’intégralité de celui-ci (12, 13, 15, 19) . Il s’agit d’une intervention délicate nécessitant un apprentissage spécifique et pour laquelle le CEC a développé une expérience particulièrement solide. En effet, sur une expérience de plus de 3190 patientes opérées selon la technique du shaving en utilisant le laser CO2, plus de 90% des patientes ont vu leur qualité de vie améliorée et les patientes souffrant d’infertilité ont pu être enceintes dans 84% des cas dont 57% spontanément (12, 17, 19).
Cette technique chirurgicale est également associée à un taux très faible de complications. Une des complications les plus redoutées comme la fistule rectovaginale (nécessitant le recours à une stomie temporaire) se retrouvent dans 0.06% dans notre expérience (13, 15, 17) et ce faible taux est conservé même au sein d’une série de plus de 700 patientes dont la taille de la lésion dépasse 4cm. Dans notre pratique, la stomie n’est jamais placée en préventif mais uniquement lors de complications post opératoires de type fistule digestive. Le shaving, par la conservation des plexus neurologiques, permet également à toutes les patientes opérées dans nos séries, de pouvoir vider leur vessie sans avoir recours au sondage intermittent définitif (13, 15, 17).
Le risque de récidive est également bas 3,6% après grossesse (12). La seule étude randomisée entre les différentes techniques opératoires montre un taux similaire de récidive entre les différentes techniques (shaving, résection discoïde et résection rectale) (20).
Le shaving est donc pour nous la technique de choix car elle est envisageable pour traiter chirurgicalement plus de 95% des lésion d’endométriose profonde rectale (15, 19). Il est important de signaler que toute décision de préserver le rectum est prise en préopératoire et validée en réunion de concertation pluridisciplinaire.
Le shaving rectal n’est cependant pas réalisable dans 3 situations particulières (15): en cas de sténose majeure avec envahissement rectal postérieur (plus de 90% de la lumière rectale), lorsque la lésion d’endométriose dépasse la muqueuse digestive (prouvé lors d’une coloscopie avec biopsie) ou en cas d’endométriose sigmoïdienne. Ces circonstances, présentes dans 5% de notre expérience, requièrent alors d’avoir recours à d’autres techniques comme la résection discoïde ou la résection rectale (19).
La taille de la lésion n’est pas un argument permettant de choisir entre les différentes techniques et la règle des « 3cm », justifiant une chirurgie radicale, devrait purement et simplement être abandonnée. Cette règle ne fait pas partie de notre arbre décisionnel.